Le Marais du Platon

Février 2014

Le rapport de l’étude  environnementale, d’après le dernier  Bois des Rues, fait état de l’hétérogénéité de l’intérêt écologique du site et préconise plus particulièrement la protection des zones humides et littorales.

Nous avons une lecture un peu différente de cet espace : les différents  habitats (prairie humide, prairie sèche, ruisseau, mares, roselières, haies, dunes…), sa situation littorale,  inscrivent  le Platon dans son ensemble en  réserve de biodiversité à forte valeur écologique.

Ainsi pour ce qui concerne le Crapaud Calamite, un amphibien rare dans notre région, c’est tout son habitat (mares, prairies, dunes…) qui devra bénéficier d’une protection intégrale. Désormais le feu d’artifice ne devrait plus être tiré sur le Platon.

Plusieurs membres  des Amis du Platon   continueront le  suivi de la reproduction du Crapaud Calamite et transmettront leurs observations aux équipes naturalistes qui ont travaillé  pour l’association en 2013.

Notre association a par ailleurs participé  à  l’enquête publique relative à la Trame Verte et Bleue de la région Basse Normandie. Nous avons ainsi informé la commission de la présence d’espèces remarquables  sur le Platon, et  avons demandé que soit prise en compte la valeur patrimoniale de cette zone humide.

Octobre 2013

Le Platon et sa mare accueillent deux espèces rares en Basse Normandie

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Crapauds Calamites en juin 2013 sur le Marais du Platon

Au printemps, pour mieux connaître la faune et la flore du Platon, l’association a fait appel à des naturalistes. Ceux-ci sont venus à plusieurs reprises sur le terrain, accompagnés par des membres des Amis du Platon. Deux grandes découvertes ont été faites durant leurs recherches. Un crapaud rare en Basse Normandie, protégé, le crapaud calamite, se reproduit dans la mare qui accueille une plante très rare, la ruppie maritime.

Voici ce qu’écrit en conclusion de son observation de la mare un naturaliste du Conservatoire des Espaces Naturels de Basse Normandie : «  À l’évidence une mare exceptionnelle à l’échelle régionale au plan du patrimoine naturel et dont il convient d’assurer la conservation. Des travaux de gestion permettraient d’accroître la biodiversité associée aux berges de cette mare. Le creusement d’autres mares dans ce secteur mériterait d’être envisagé ainsi que leur valorisation pédagogique. »

Les naturalistes vont diffuser les résultats de leurs investigations aux pouvoirs publics en charge de l’environnement en Basse Normandie. De son côté, l’association  a informé la Mairie des principales découvertes de cette démarche. Tout ceci vient étayer notre position. Le Platon n’est pas un espace naturel quelconque. Proche de la mer, avec son réseau de mares, il accueille des espèces rares. Des pistes d’aménagement pour le rendre encore plus riche en biodiversité sont lancées. Dans ces conditions, nous ne voyons pas comment la Mairie actuelle et future peut poursuivre le projet d’implantation d’un golf. D’autant plus que tous les documents d’aménagement du territoire, à une échelle régionale, départementale ou locale ont déjà souligné l’intérêt écologique de cet espace. Avec ces nouvelles données, notre association dispose désormais d’arguments supplémentaires pour la préservation du Platon

Printemps 2013 : Le marais du Platon : un espace naturel humide à protéger

Le marais  rétro littoral de l’Edit et du Platon, zone de transition entre la mer et la terre, se caractérise par une nappe phréatique proche de la surface du sol. C’est un milieu saturé de façon temporaire ou permanente sur certaines surfaces de l’Edit.

Il est réparti sur l’ancien lit de la Seulles qui se jetait jusqu’au XVIIIe siècle  à Bernières au niveau de l’actuel marais de la Rive. Le « bras mort » de la Seulles traverse le Platon.

La coupure naturelle de Courseulles-Bernières : un espace protégé

Depuis longtemps, l’homme a asséché bon nombre de marais, difficiles à exploiter et réputés insalubres. L’impact sur la faune et la flore,  sur le cycle de l’eau, est aujourd’hui considérable et la plupart des milieux humides qui n’ont pas été détruits font l’objet  aujourd’hui de mesures de protection.

Le marais de l’Edit situé sur la commune de Courseulles, est classé  Espace Naturel Sensible depuis 1979. Il est en zone de préemption par le Conseil Général du Calvados

Le Marais du  Platon est une parcelle de 6 ha 29 ares appartenant à la commune de Bernières. Le « Platon » désignait anciennement en Normandie un petit pré.

Les deux tiers des terres du marais de l’Edit et du Platon sont consacrés à l’élevage bovin (race charolaise)

 L’activité traditionnelle de chasse au gabion est encore présente sur le marais de l’Edit  appartenant à des propriétaires privés.

Le cordon dunaire littoral

 Qu’est-ce qu’un havre ? Un havre est en effet, une petite baie naturelle, plus exactement un petit estuaire protégé par un cordon littoral constitué à sa base par une barrière de graviers et galets sur laquelle reposent des dunes. Une rue à Bernières proche du marais du Platon garde la mémoire de cette petite baie, la Rue de l’Ancien Havre.

Plage de Bernières à l’ouest du village, au niveau de l’ ancien havre, séparée du marais par le cordon dunaire

 Le cordon dunaire littoral est encore présent sur une partie de cet ancien havre. Il bénéficie aujourd’hui d’une protection particulière.

Sa végétation est constituée d’espèces ammophiles (adaptées au terrain sableux) tels les oyats, et de tamaris qui retiennent la dune. Ces plantes subissent de fortes dégradations humaines en dépit des protections (ganivelles). Celles-ci insuffisamment entretenues favorisent des chemins informels. Il est à noter que la détérioration du cordon dunaire pourrait favoriser une submersion marine.

Autrefois une voie ferrée reliant Bernières à Courseulles traversait le Platon et les dunes qui le protègent. La démolition de cette voie ferrée  a créé les buttes situées à l’ouest du marais. La trace de cette ancienne ligne de chemin de fer est encore visible par endroits sur le sommet de la dune.

La haie du cordon dunaire et la prairie abritent des espèces végétales qui offrent le gîte et le couvert à de nombreuses espèces de passereaux : moineaux, accenteurs, fauvettes grisettes, linottes mélodieuses, pipits farlouses, tariers …

Sur le secteur ouest le cordon dunaire disparaît au profit d’un remblai digue dépourvu de végétation.

Pourquoi protéger les  zones humides ?

Aujourd’hui en France plus d’une espèce sur deux menacée est liée aux milieux humides. Le maintien des zones humides est reconnue comme une priorité à l’échelle internationale (convention de RAMSAR), à l’échelle européenne (directive cadre sur l’eau, directive habitats, réseau Natura 2000 ) ou bien nationale.

Les municipalités ont un  pouvoir de réglementation sur leurs milieux humides : mares, marais, cours d’eau … Les municipalités doivent  inventorier  les  mares présentes sur les espaces qu’elles gèrent. Elles doivent diagnostiquer leur état, inventorier la faune et la flore  et procéder  à leur entretien et à leur restauration éventuelle.

Les milieux aquatiques et humides sont des réservoirs de biodiversité particulièrement importants. En plus de contribuer au maintien de la biodiversité « ordinaire », elles accueillent une faune et une flore spécifiques et souvent protégées.

Les marais abritent une importante vie sauvage. Poissons et amphibiens s’y reproduisent et s’y nourrissent des millions d’insectes qui émergent de ces eaux peu profondes. Hors de l’eau, ces insectes serviront aussi de ressource alimentaire aux oiseaux et chauves-souris jusqu’à plusieurs kilomètres de la zone, jouant un rôle considérable sur la faune locale

Les Marais de l’Edit et du Platon sont un lieu d’accueil migratoire pour de nombreuses espèces de passereaux : bergeronnettes grises, bergeronnettes des ruisseaux, pinsons, traquets motteux, fauvettes, hirondelles, grives… Ils sont fréquentés par une importante colonie de linottes mélodieuses

 

 Linotte mélodieuse sur un sureau aux abords de la mare

Cet accueil est favorisé par la gestion en  fauche tardive du marais (août) qui maintient un habitat propice à la nidification au sol de certaines espèces, favorise la biodiversité floristique et faunistique et permet aux espèces  granivores et insectivores de se maintenir sur cet espace. L’impact d’un green de golf remplaçant cette pelouse fauchée serait considérable sur la faune et la flore

La prairie  du Platon en été

Quelques spécimens  de la flore  présente sur le marais du Platon : douce amère, lotier jaune, chardon penché, mauve, compagnon rose, compagnon blanc, orchis pyramidal, orchis bouc, menthe aquatique, centaurée. Quelques arbustes du marais: églantier, sureau.

La mare du Platon est un ancien gabion (plan d’eau avec abri aménagé pour la chasse aux oiseaux d’eau). Le marais en comptait trois. Deux sont encore en activité sur les terrains privés de l’Edit

Pourquoi conserver les mares ?

Les mares  sont le lieu d’une  grande productivité invertébrée qui va permettre l’alimentation de nombreux insectivores et ce, à plusieurs centaines de mètres de la mare puisque bon nombre d’insectes vont se métamorphoser en adultes volants et s’éloigner de la mare. Or la plupart des insectivores, oiseaux et chauve-souris, déclinent par manque de ressources alimentaires dues  à la modification des paysages

La disparition d’une mare isole des populations d’animaux qui ne peuvent plus se maintenir puisque aucun échange n’est plus possible avec des individus d’une mare voisine.

Les mares sont des écosystèmes d’une grande richesse.

Elles sont indispensables à la reproduction et au maintien des populations d’amphibiens et à de très nombreuses espèces d’invertébrés aquatiques. Elles sont aussi un lieu de nourrissage essentiel pour les couleuvres vipérine et à collier qui sont aujourd’hui en situation de déclin

 

Grenouille verte d’Europe , mare du Platon

Les amphibiens sont d’une utilité écologique reconnue (grands consommateurs d’insectes) et ils sont protégés par la loi. Pourtant, une espèce sur cinq risque de disparaître de France métropolitaine selon la dernière liste rouge des espèces menacées. Les facteurs de déclin des amphibiens sont divers : pollutions des eaux, des sols, de l’atmosphère, destruction de leurs habitats, mortalité sur les routes, braconnage  … Garant par leur présence de la santé de nos écosystèmes naturels et de la biodiversité, les amphibiens nous informent sur les atteintes portées à notre environnement, sur la qualité de l’eau mais également sur l’impact du réchauffement climatique.

La   grenouille verte d’Europe, malheureusement braconnée, est présente chaque année dans la mare du Platon et ses cours d’eau d’alimentation. Ces milieux aquatiques ne doivent donc pas  être détériorés et ne peuvent pas être détruits par comblement pour l’aménagement d’un parcours de golf. Quelques tritons fréquentent aussi les eaux stagnantes du marais.

Les mares sont le lieu d’une grande diversité végétale abritant des espèces qui se raréfient avec le déclin des zones humides.

Joncs maritimes , mare et cours d’eau  du Platon

La roselière de la mare du Platon offre un lieu paisible de nidification à certaines espèces inféodées au milieu aquatique comme le phragmite des joncs :

 Le roseau commun (phragmite) (Phragmites communis)

C’est le roseau le plus commun qui pousse au bord des mares, des étangs et des fossés. Il peut mesurer jusqu’à 3 m. Il fleurit avec un plumeau brun – violet de 20 à 30 cm. C’est un roseau qui possède un rhizome vivace, ce qui lui permet de coloniser les bords des eaux, parfois de manière envahissante. On le rencontre principalement autour de la mare de l’ancien gabion du Platon.

Phragmites  mare du Platon

Pollution

L’ulve sur le Goulet

Nom scientifique : Ulva armoricana. Nom vernaculaire : Ulve. Noms courants : Ulve à marée verte, salade de mer, laitue de mer, algue verte.

L’ulve est une algue naturellement présente sur notre littoral, elle n’a été ni importée, ni créée par une quelconque pollution. Mais elle  se multiplie rapidement dans une eau surchargée en nitrates. La concentration excessive de nitrates dans les eaux du marais  est essentiellement due à l’agriculture intensive. L’ulve, comme tous les végétaux chlorophylliens, se développe en absorbant des matières minérales (phosphores, azote,…), qu’elle transforme en matière organique grâce à l’énergie lumineuse qu’elle capte avec sa chlorophylle. Elle trouve les conditions optimales à son développement dans des zones où il y a de grosses quantités de matières minérales, ainsi qu’une température relativement douce (température optimale de développement : 19°C).

Cycle de vie :

  • L’algue disparaît en grande partie pendant l’hiver, seule une petite quantité subsistera et attendra des conditions clémentes pour se développer.
  • Au printemps, avec l’augmentation des températures et les excédents de matières azotées (nitrates) arrivant sur le littoral, les algues commencent à se reproduire.

L’ulve recouvre  en partie les cours d’eau stagnante et la mare du Platon en été, elle disparaît en automne.

La mare du Platon  est un  lieu relaxant, esthétique, pédagogique appréciée des enfants, des promeneurs, des randonneurs. Les sentiers du marais sont très appréciés des promeneurs, joggers, randonneurs, cyclistes…qui aiment le traverser pour se rendre à la plage et des lapins, pour la plus grande joie des enfants !

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